Reportage à la SITL

      Aujourd'hui s'ouvrait le 25 ème salon SITL (semaine internationale du transport et de la logistique), et j'y étais. Au programme, des conférences et un grand nombre d'exposants. Quelques impressions.

 

      La logistique, c'est environ 10% des coûts des entreprises, un enjeu sensible donc. Elle a deux composantes principales, l'entreposage (le stockage) et le transport. Ces dernières années, avec la tendance à la spécialisation et la délocalisation des industries (la carte mondiale, logo du SITL, est centrée sur l'Asie, c'est sans doute assez représentatif des évolutions des perceptions de l'économie mondiale), et surtout la hausse du prix du pétrole, le facteur transport tend à devenir prépondérant, avec un peu plus de 50% des coûts logistiques. Le secteur tend à être représenté par des acteurs mondiaux de plus en plus gros, mais le tissu de petite et moyenne entreprise subsiste. Pour citer « un des rares intellectuels de la logistique » (selon Business Immo), « les gros mangent les gros, et sous-traitent aux petits ».

 

      Cette année, la semaine met deux pays à l'honneur : la Russie et les Pays-Bas. Les Pays Bas, invité d'honneur, était représenté à la conférence inaugurale par le jeune et fringuant ministre des transports. A l'aise en français, impérial en anglais, Camiel Eurlings est venu exposer les succès de son pays en matière de transport et de logistique, qui représente 9% du PIB et de la population active batave, surtout grâce à la place de leader incontesté du port de Rotterdam (le 7ème port français, si on ne compte que les marchandises à destination de la France !) sur la scène européenne, due en grande partie à son très bon accès aux modes fluviaux et ferrés (en 2005, 40% des conteneurs étaient pris en charge par un mode alternatif au routier à Rotterdam, contre 14% au havre). Loin de s'endormir sur leurs lauriers, les Pays-Bas ont mis en service l'année dernière la première ligne ferroviaire européenne dédiée au fret longue distance, vers l'Allemagne (la Betuwelijn). D'autre part, le projet Maasvlakte 2 va permettre d'agrandir le port de 1000 hectares, gagnés sur la mer. Reste à affronter maintenant la congestion routière.

La Russie était représenté par la compagnie Transcontainer, venue vanté le potentiel de développement des chemins de fer russe. A ce propos, certains rêvent d'une liaison Asie-Europe par la Russie (voir article précédent), qui viendrait proposer une offre intermédiaire entre le maritime et l'avion, au niveau des coûts et des délais.

Cependant cette offre existe déjà en partie. Dubaï, représenté par le CEO de Dubaî Logistic City, est en effet un terminal multimodal mer-air de première importance. Les marchandises vont à Dubaï en conteneur maritime, puis basculent vers l'avion. Sans véritable rival au moyen orient, Dubaï vise, pour ses terminaux maritimes, la 4ème/5ème place mondiale, et, pour l'aérien 150 millions de passagers et 30 millions de tonne de fret (pour donner un élément de comparaison, Aéroport de Paris traite actuellement 2,1 millions de tonnes de fret par an, selon le dernier Transport actualités), profitant de sa situation de carrefour, et d'une « dictature bienveillante » (je cite !).

 

De façon plus politiquement correcte, on a bien sûr beaucoup parlé de développement durable, et de modes alternatifs à la route. Dominique Bussereau, le secrétaire d'état au transport, a notamment parlé de la nouvelle version de la directive eurovignette, d'une autorité d'attribution des sillons, et de la prochaine présidence française de l'Union Européenne, qui devrait promouvoir l'intermodalité, entre autre. Dans cette allocution réussie, plutôt dans l'air du temps, la nuance au sujet des autoroutes de la mer m'a semblé assez lourde de signification. Pour le ministre (citation approximative) « on fait parfois plus de discours que d'autoroutes », et tout ce qui a été fait ne marche pas forcément. A noter que l'Officiel des Transporteurs du 7 mars 2008 consacre un article à cette question. S'il épingle le choix de la liaison Toulon-Civitavecchia, qui ne concernerait pas un trafic suffisant pour pouvoir assurer un service (et notamment un taux de fréquence) suffisant, l'OT pointe aussi de trop faibles subventions de l'état, et des problèmes juridiques. De plus, en cas de problème, le droit est plus favorable, et de loin, au chargeur s'il utilise le transport routier plutôt que le transport maritime (en même temps, on peut supposer que le risque de litige important est moins grand pour ce type de liaisons maritimes).

En tout cas, les transporteurs  et les logisticiens ont fait clairement de l'environnement une de leurs priorités affichées. En effet 17 des 32 candidats au prix de l'innovation défendaient des projets en faveur du développement durable. Notamment, ont gagné, dans la catégorie « installation site logistique », le terminal de CLESUD, un terminal de transport combiné, couplé à une zone logistique, et développé par Projenor, et, dans la catégorie « développement durable », le transport des déchets de REP-Veolia Propreté par la société de transport fluvial SCAT.

Egalement, un exposant m'a particulièrement marqué, il s'agit du 2WIN-trailer, présenté par la société néerlandaise Emons Cargo BV. Un camion surbaissé (si j'ai bien compris, il y a un système d'essieu « tordu »), qui permet de charger sur deux niveaux, sans avoir à « gerber » (par exemple, charger deux palettes de marchandise l'une au dessus de l'autre, ce qui n'est pas possible si la marchandise est fragile, et ce qui n'est pas facile à décharger pour les caristes). Les suspensions permettent de relever le camion pour franchir les dos d'âne. Le camion mesure 4 mètre de haut, et est donc compatible avec l'autoroute ferroviaire de Modalhor (enfin, en ce qui concerne la hauteur, qui est la principale raison de non conformité des camions). Le camion est également à la pointe de la technologie (GPS, plate forme de chargement automatique pour charger le niveau du dessus…), et fonctionne déjà en 150 exemplaires, selon le commercial. Au final, cela permet de transporter 55 palettes 80x120, au lieu de 33.

 

Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire, j'essaierai d'y revenir…



12/03/2008
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