L'environnement, un enjeu grandissant pour les intégrateurs.

Air du temps oblige, les annonces de compagnies de transport, grandes et moins grandes, annonçant laver leurs CO2 plus vert que vert se multiplient. Mais ces discours se traduisent-ils par une baisse des émissions sur le terrain ? Petit tour d'horizon de l'actualité récente, et notamment des principaux intégrateurs.

 

D'après Transport Topic, UPS vient de mettre en service 167 véhicules CNG (compressed natural gas), portant à 1629 camions sa flotte de camions « verts » dans le monde (selon son site, UPS exploite un peu moins de 100 000 véhicules de livraison dans le monde, le ratio de véhicule vert est encore assez faible). UPS a ainsi investi dans toutes les techniques « propres » : CNG, LNG (liquefied natural gas), propane, hybride, électrique. En espérant pouvoir ensuite choisir une technique qui aura fait ses preuves ?

En effet, à des degrés divers, ces techniques sont parfois contestées, même, et surtout, d'un point de vue environnemental. Voir à ce sujet mon article consacré aux controverses récentes suscitées par les bio-carburants. Ça n'a pas empêché un transporteur anglais, H Wragg Transport, de convertir ses 44 tonnes à l'huile de colza (rapporté par Eyefortransport). Le fabriquant, Verdant Fuel, qui a du voir avec une certaine terreur son fond de commerce menacé ses derniers mois, par les opposants au biocarburant (si les biocarburants ne sont plus écologiques, l'entreprise s'effondre) défend avec énergie son carburant. Produit localement (car importer du biocarburant du Brésil avec des pétrolier consommant du fioul lourd plein de souffre, c'est certes légèrement contradictoire), à partir de cultures non vivrières (ce qui n'est pas franchement un argument, le colza pouvant prendre la place de cultures vivrières), pouvant servir de culture de transition pour reposer la terre entre deux cultures de céréales, le verdant fuel n'affame pas les paysans du tiers-monde, selon son fabriquant. De toute façon, seuls quelques milliers de véhicules ont roulé à ce carburant pour l'instant. Cependant, affirmer comme le site de Verdantfuel, que « ultimate carbon footprint is negligible », ou que comme le fait eyefortransport, que « Verdant Fuel produces approximately 30 times less CO2 than it would using a conventional biodiesel blend » me semble un peu léger. Le colza c'est peut-être une solution pour réduire les émissions, mais ça nécessite des engrais, du transport, un minimum de traitement pour en faire un carburant (apparemment nettement moins que dans le cas du bioéthanol), bref l'empreinte écologique ne vaut certainement pas zéro ou presque.

Un des principaux concurrents d'UPS, DHL, n'est pas en reste. Je vous fais grâce du décompte des camions roulants aux carburants alternatifs, pour citer « le premier service de livraison sans émissions de CO2 » ! Comment arrive-t-on à ce miracle ? C'est simple : le chargeur paie 3% en plus, et DHL investit la quantité d'argent nécessaire (le calcul est forcément subjectif, mais c'est certifié par une société suisse) dans des panneaux solaires, des recherches pour trouver des véhicules plus propres, ou encore des programmes de reforestation. En fait ça ressemble pas mal aux contributions volontaires acquittées par les personnes de sensibilité écologique qui ne peuvent se résoudre à arrêter d'utiliser l'avion. D'un point de vue personnel, il me semble que DHL ne prend pas trop de risque, et abuse un peu son monde en parlant de « carbon neutral ».

En tout cas, DHL est parti prenante du projet Skysails, dont je vous avais parlé précédemment. Le bateau est rentré de son premier voyage, et, selon la compagnie qui exploite le système, les résultats ont été conformes aux attentes, même si le système est en phase de test, et n'a apparemment pas été utilisé durant une grande proportion du voyage. A noter que la compagnie reverse 20% des gains à l'équipage, ce qui est plutôt sympa dans un univers socialement souvent dur.

Fedex revendique également un grand nombre d'action en faveur de l'environnement. On peut citer le hub d'Oakland, recouvert de panneaux solaires.

 

Bref, si l'engagement pour l'environnement de ces compagnies est indéniable, les progrès ne se font encore qu'à la marge. En effet, autant on a pu réduire les polluants secondaires de la combustion, autant il est difficile de diminuer l'énergie nécessaire pour le transport. Et au fond, les intégrateurs se battent pour transporter toujours plus et augmenter leur chiffre d'affaire. On ne peut pas le leur reprocher, mais cela veut dire que ce ne sont pas forcément eux qui seront à l'origine de la baisse des émissions. Ewans French, représentant un cabinet d'étude sur l'optimisation de la supply chain, dénonçait l'année dernière les jolies annonces de nouvelles techniques dans les journaux : « Enough of « green » headlines ». Pour lui, les seuls gains notables ocurreront lorsqu'on remettra à plat les chaînes logistiques, en vue de réduire les coûts de transport et les émissions. Mr French n'est certes pas indépendant dans l'histoire, mais un type avec un nom pareil a forcément un peu raison…



31/03/2008
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