Conducteur à l'international, un métier à risque
C'est un fait connu de longue date, la profession de transporteur routier, en plus d'être très exigeante en temps, mal considérée, et plutôt mal payée (quand on rapporte au temps total de mise à disposition de l'employeur), peut être dangereuse (pas si étonnant qu'on commence à se plaindre d'une pénurie de transporteur). On pense tout de suite à l'insécurité routière, mais il existe également un risque non négligeable d'agression (et on ne parlera pas des convoyeurs de fonds). L'IRU (International Road Union, le lobby mondial des transporteurs routiers), dans un rapport malheureusement (enfin la connaissance ne peut pas toujours être gratuite) payant (voir le résumé ici), a évalué ce phénomène, à l'aide de plus de 1000 interviews en face à face et de questionnaires adressés à des entreprises de toute l'Europe, au sens très large du terme (ça va jusqu'au Kazakhstan). Les résultats sont plutôt inquiétants. Ces 5 dernières années, 17% des conducteurs interviewés en face à face ont été agressés, dont 30% plus d'une fois ! Les agressions ont le plus souvent lieu la nuit (à 66%), et sur les parkings de camion (à 42%). Et c'est relativement logique, vu que le plus souvent le conducteur qui réalise un long voyage dans son camion dort dans sa cabine. Le conducteur de l'Europe de l'ouest (en France, au moins) est certes défrayé pour la nuit. Mais, le plus souvent, il préfère économiser sur le formule 1 et dormir dans la cabine (qui sont maintenant relativement confortables), pour arrondir ses fins de mois grâce à l'argent de l'hôtel. Et ainsi, en plus, il peut surveiller la marchandise. Quand au conducteur de l'est qui dort loin de chez lui, il n'est pas défrayé (en général), donc la question ne se pose pas.
Comme autre résultat de l'enquête, on peut citer que les chauffeurs n'ont pas toujours confiance en la police (30% ne la préviennent pas), et que les compagnies de transport n'apportent une réponse jugée adéquate par les agressés que dans 18% des cas. Egalement, l'étude montre qu'il faut mieux faire attention en Pologne, en Roumanie (le pire pays à ce niveau, et de loin), en Russie et en Hongrie, les pays les plus dangereux (nombre d'agression comparé au trafic international). Dans ces pays (comme dans d'autres), il faut mieux utiliser des parkings surveillés la nuit (l'IRU en fournit une liste). D'ailleurs, en cas de vol de la marchandise, les tribunaux français ont tendance à juger responsable de faute lourde (ce qui permet de faire sauter le plafond d'indemnisation) le transporteur qui utilise une route secondaire ou un parking non gardé dans une zone réputée peu sûre.