Autoroutes de la mer et grands groupes rouliers

      En transport maritime, on parle le plus souvent des conteneurs (un chercheur comme Antoine Frémont a pu ainsi en faire un élément central de la mondialisation dans « Le monde en boîtes. Conteneurisation et mondialisation  »), mais d'autres types de transport maritime se développent. Il en est ainsi du transport de véhicules sur roues : le roll-on/roll-off, effectué par des navires rouliers. Mais cela favorise-t-il les projets européens d'autoroutes de la mer ?

        En matière de fret (les rouliers transportent bien sûr souvent aussi des passagers, mais le modèle économique n'est rapidement plus le même), il s'agit soit de transporter les véhicules venant d'être construits jusqu'à leur marché de destination (quoique parfois, on puisse utiliser des conteneurs à voitures!), soit pour transporter des camions chargés (en général, sans le conducteur, sauf pour les liaisons très courtes), en faisant ainsi du « transport combiné mer/route ».
        En général, le premier marché est beaucoup plus important que le second, ce qui explique peut-être les difficultés de l'Europe à développer les autoroutes de la mer, censées capter les trafics autoroutiers qui peuvent l'être. Avec notamment la croissance du marché et des constructeurs asiatiques, le nombre de voitures produites devrait continuer à augmenter, pour atteindre 90 millions en 2015, dont 15% devraient être exportées par voie maritime (d'après Höegh Autoliners), si on en croit les tendances actuelles (en comparaison, la liaison Toulon-Civitavecchia transporte 12000 camions par an). Pour répondre aux besoins, on développe depuis les années 70 des navires spécifiques, les Pure Car/Trucks Carrier.

    Le secteur des grands groupes rouliers est divisé en quelques grands acteurs qui émergent au niveau international. On peut citer (mais j'en oublie certainement, n'hésitez pas à compléter en commentaire) : Whil Wilhemsen group (ASKOR, ARC, Wallenius Lines), Pasha Group (lié à Strong Vessel Operators LLC), Mitsui OSK Lines, Louis Dreyfus Armateurs, Höegh Autoliners... Il n'y a pas forcément beaucoup de concurrence, vu que ces grands acteurs sont souvent limités à certaines zones géographiques. Plus localement, il existe de nombreux acteurs, mais souvent plus axés sur le transport de passagers.
    Dernièrement Höegh Autoliners est passé sous le contrôle de Maersk (plus grand groupe de transport maritime, voire de transport tout court, mondial), qui en a racheté 37%, en échange notamment de sa propre branche de navires rouliers. Maersk entend ainsi poursuivre un processus de rationalisation de ses activités, qui s'est traduit dernièrement de façon plus douloureuse par des suppressions d'effectifs chez ses marins danois, trop chers.

    Les tendances du marché, navires plus gros (on parle maintenant de LCTC-Large/Car Trucks Carrier), croissance des opérateurs pour proposer une offre mondiale..., vont-elles vraiment dans le sens du développement des autoroutes de la mer ? Comment concilier des investissements énormes, avec un trafic aléatoire (contrairement au cas où on a un contrat avec un constructeur automobile) ? C'est peut-être ce qui explique en partie que les appels à candidature de l'Union Européenne sur les autoroutes de la mer ne sont pas pour l'instant concrétisés il me semble (il y a aussi entre autres les difficultés de financement, voir article précédent)?



27/02/2008
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