La montée des prix du transport maritime

 

        Alors que se termine le Grenelle de l'environnement, sur un bilan plutôt positif des commentateurs, même de la part de certains adversaires de la législature actuelle (notamment Segolène Royal à la radio ce matin), le Figaro Economie du 25 octobre (après notamment l'Expansion du 7/09) s'interroge sur ce qui paraît comme un retournement de tendance : les prix mondiaux du fret maritime augmentent très sensiblement depuis le début de l'année, alors que depuis des décennies le prix du transport maritime avait tendance à baisser. Il s'agit ici plus particulièrement du transport en vrac (des marchandises géneralement granuleuses entreposées au fond d'un cargo), dont l'indice de prix de référence, le Baltic Dry Index (côté à Londres par la Baltic Exchange et qui est basé sur le prix du fret sur 24 routes commerciales dans le monde), a connu une montée impressionnante cette année (4200 points début février et 10994 points le 26 octobre). Cette hausse, d'autant plus importante qu'elle se rajoute à la hausse du prix des matières premières, énergétiques ou agricoles, est causée par une hausse de la demande mondiale (la Chine est bien sûr citée comme le principal « responsable »), à laquelle n'ont pu faire face des transporteurs et des chantiers navals ayant plutôt tendance à délaisser les bons vieux cargos pour les nouveaux porte-conteneurs et les navires vraquiers de haute technologie, comme les méthaniers (transport de gaz liquide à très basse température). D'où une pénurie, qui selon le figaro, pourrait par contrecoup toucher le transport par porte conteneur, certains chargeurs commençant à se rabattre sur les conteneurs (plus chers) pour transporter des matières agricoles ou énergétiques !


        Quelles seront les conséquences de cette hausse? Une hausse de la construction des cargos par les chantiers navaux des pays émergents (notamment ceux du coréen Hyundai) devrait pouvoir rétablir l'équilibre d'ici quelques années, à condition que les ports puissent absorber la hausse de trafic, ce qui ne sera peut-être pas possible partout. En France en raison tant de la faible compétitivité par rapport aux ports voisins (Anvers et Rotterdam au nord, La Spezia au sud), et des investissements réalisés ou prochainement réalisés tant au Havre (Port 2000) qu'à Marseille (Fos 2XL), il ne devrait pas y avoir de problème, mais les ports asiatiques ou océaniens pourraient approcher de la saturation, d'autant que les ports ont plutôt investi dans les installations pour les portes conteneurs.


       Peut on penser que cette hausse incitera les pays importateurs à diminuer leur dépendance à l'extérieur, ou du moins à essayer de dépendre de zones moins éloignées pour leur approvisionnement? Pour les matières agricoles, ce doit être possible, mais pour les matières énergétiques, la plupart des pays consommateurs n'ont pas vraiment le choix... Même une hausse généralisée du prix du transport risque d'avoir des effets limités , vu la faible part du prix du transport maritime dans le prix final de la plupart des produits. Il n'en reste pas moins que cela rappelle une phrase citée au cours du Grenelle : « Nous entrons dans un monde fini », disait Paul Valery il y a 50 ans...



26/10/2007
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