Dernières nouvelles du transport routier

L'actualité, et encore plus la tendance de fond de la société, n'est pas favorable au transport routier. Cela se ressent quand on lit régulièrement le site de la FNTR, où le style des éditos oscille entre Zola et Dickens. Allez, courage, le projet de limitation à 4 mètre de haut des camions (pour correspondre à l'autoroute ferroviaire de Modalhor !) est abandonné, c'est déjà ça. Mais pour le reste…

 

   Apparemment, les biocarburants n'ont plus le vent en poupe, je vous parlai des doutes qu'ils suscitaient (ici et ), et de la stratégie volontariste mais contestée de l'UE à leur égard. Mais là, il semblerait que le seuil de 10% doive être abandonné, avec un avis de l'EEA (agence européenne de l'environnement), qui va dans ce sens. Cet avis ne s'appuie pas forcément sur beaucoup d'éléments nouveaux (lire le compte rendu d'euroactiv), mais à une période où le prix de l'alimentation a augmenté de 83% en 3 ans (d'après la banque mondiale), d'une part les biocarburants font office de coupable idéal (alors qu'au niveau de la planète, la proportion des terres affectée aux biocarburants restent faible), d'autre part effectivement encore les développer paraît hasardeux à moyen terme, au moins au niveau du symbole. Politiquement, dans un contexte d'émeutes de la faim et de déclarations outrancières (quoique qu'on puisse penser de la validité du point de vue sur le fond) d'un représentant des nations unis, les biocarburants sont devenus peu défendables.

 

La nourriture concurrencée par les biocarburants, on l'a transporte en général sous température dirigée, cela permet de limiter les pertes, de garantir la qualité, et surtout, d'aller chercher les meilleurs prix plus loin. Le site lognews consacre un article réactualisé intéressant au transport sous température dirigée (TTD). A lire aussi, un article du journal de la logistique, qui s'intéresse au problème environnementaux, et donc aux incertitudes réglementaires, concernant  les fluides réfrigérants (ammoniaque, fréon). D'après le responsable environnement de l'entreprise, STEF-TFE a lui testé le dioxyde de carbone, et étudie l'azote depuis mi-2007.

Le secteur du transport à température dirigée n'est pas frileux lorsqu'il s'agit d'effectuer des acquisitions. Ces dernières années, les grands groupes ont eu tendance à grossir, suivant en cela la concentration dans le secteur de la distribution. STEF-TFE (plutôt en bonne forme financière, même si le taux d'endettement reste important) a ainsi absorbé plusieurs compagnies, et SOFRINO et SOFRICA ont constitué le réseau SOFRILOG. Le secteur en croissance est aussi traversé par plusieurs autres tendances : durcissement des contraintes réglementaires, contrôle électronique du respect de la chaîne du froid, traçabilité par RFID… Mais au temps du Grenelle de l'environnement, le principal écueil est peut-être la consommation d'énergie de la supply chain du froid. En effet, un groupe frigorifique consomme beaucoup, même si des efforts sont fait pour mieux isoler les nouveaux modèles (voir notamment le site du cemafroid). L'environnement a fait donc logiquement son apparition dans la communication de STEF-TFE. A lire ainsi l'édito du président à ce sujet, qui met en garde contre de nouvelles contraintes réglementaires, facteurs de surcouts (c'est indéniable, mais en même temps sans contraintes, il est difficile d'obtenir des résultats, surtout pour les entreprises du routier, aux marges de manœuvres très faibles), et met en avant l'actionnariat salarié comme facteur du développement durable (c'est vrai qu'on peut mettre à peu près tout derrière cette notion, c'est ce qui en fait son charme).

A noter que le TTD est aussi très important en maritime, avec notamment les nouveaux conteneurs reefer (frigorifique), et notamment les récents conteneurs 45 pieds (en version « palet-wide », qui peuvent transporter autant de palettes qu'une semi remorque), et, de façon beaucoup plus marginale, en ferroviaire (avec notamment la société froidcombi, un commissionnaire de transport propriété de la SNCF et de Stef-Tfe, qui a fait presque 13 millions d'€ de chiffre d'affaire en 2006, d'après infogreffe).

 

Enfin dernier sujet abordé, la décision du Tyrol (région autrichienne frontière entre l'Italie, la Suisse et l'Allemagne, traversé par deux autoroutes importantes pour le trafic européen) d'interdire le transport routier de déchet et de gravier à partir du 2 mai prochain (l'interdiction s'étendra à d'autres transports ensuite). Pour l'instant la commission européenne n'a pas montré les dents, bien que ça ne soit pas vraiment légal. Il existe bien une « autoroute ferroviaire » dans cette région, mais je ne sais pas si elle peut prendre en charge tous les trafics concernés (un nouveau tunnel est d'ailleurs prévu pour 2022), 170 000 par an selon le lloyd (soit un peu moins de 10% du trafic). Concernant l'autoroute ferroviaire, les acteurs du ferroviaires autrichiens appellent ça « rolling road ». Ils sont moins doués pour la communication que leurs homologues français, pourtant avec 1000 camions et 40 trains par jours prévus pour cette année, cela ressemble déjà plus à une autoroute. Dans ce système, les camions montent à la queue leu leu sur des wagons surbaissés grâce à leurs petites roues, ce qui doit coûter moins cher à l'investissement (pas besoin de quais spéciaux ni de wagons pivotants, par contre certains professionnels disent que les petites roues s'abîment plus vite).

Cette décision, qui risque d'être problématique pour un certain nombre de transporteurs routiers, constituera assurément un précédent si elle n'est pas invalidée. Affaire à suivre…

 



15/04/2008
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