Unusual Suspect
Comme on l'a vu dans le deuxième point de l'article précèdent, l'UE veut autoriser le refinancement des activités fret en difficulté, même si le reste de l'entreprise est en bonne santé. Soit. Il est d'ailleurs pas si probable que la France arrive à refinancer Fret SNCF avant 2010, la date butoir posée par la commission (et rappelons que ce tout ceci n'est qu'un document de travail).
Cependant, tout ceci laisse une impression étrange, quand on vient de jeter un œil (je n'ai vraiment pas la prétention de maîtriser l'analyse financière) aux comptes consolidés de la SNCF. La SNCF, par ses multiples participations, s'est construit un véritable empire du transport et contrôle à 100% (attention, ça ne veut pas dire qu'elle possède l'ensemble du capital) d'innombrables entreprises de transport routier, à travers notamment GEODIS (transport routier de fret), KEOLIS (transport public), des commissionnaires de transports (notamment, Geodis a racheté début 2007 TNT Freight Management), des opérateurs de transport combiné (la tribune d'aujourd'hui indique que la SNCF s'apprête à contourner les autorités de la concurrence en prenant le contrôle conjoint de Novatrans avec l'aide de Norbert Dentressangle)… Une personne d'ASTRE (le premier regroupement de PME de transport routier) nous avait confié en privé que la SNCF contrôlait 50% du transport en France. Il y a sans doute beaucoup d'exagération dans cette affirmation (même si Geodis, premier transporteur routier français, pèse à lui seul 10% du secteur).
Il n'en reste pas moins, que la SNCF, vilain canard boiteux décrié, s'est constitué une part prépondérante dans le transport routier, alors qu'elle était subventionné d'autre part par les pouvoirs publics. L'intérêt général m'échappe dans cette histoire, et j'aimerai étudier cette question plus précisément. En tout cas, tout ceci me fait irrésistiblement penser à la réplique de Kevin Spacey, faux-looser et vrai manipulateur, dans Usual Suspects : « le plus beau coup du diable est d'avoir réussi à nous faire croire qu'il n'existait pas ».