Le porte-conteneurs qui veut se faire aussi gros que le Knock Nevis
J'avais consacré à la fin de l'année dernière un article sur la prise de poids des porte-conteneurs. Une annonce du coréen STX Shipbuilding me permet de revenir sur le dossier. Le prochain porte-conteneurs aurait une capacité de 22000 boîtes, un mastodonte dont la simple vue devrait être capable d'effrayer même le pirate somalien le plus endurci.
Simple opération de communication, pour un groupe dont la prise de contrôle récente de l'européen Aker Yard a plutôt été mal perçu (chez les salariés au moins) ? Possible, mais en tout cas c'est l'occasion de réfléchir un peu sur l'économie de la conteneurisation.
Mer et marine s'en fait l'écho : STX étudie sérieusement un porte-conteneurs de 22 000 EVP (équivalent vingt pieds, l'unité de compte des conteneurs). Selon un compte rendu de Maeil Bussiness, un site coréen, apparemment des allemands avaient déjà conçu l'année dernière un 20 000 EVP (jamais entendu parler, et rien trouvé sur Internet). En tout cas, la capacité sera augmentée de 50% par rapport au plus grand bateau en exploitation actuellement, l'Emma Maersk. Mais techniquement le bateau ne semble pas énormément plus grand :
Au niveau du tirant d'eau, crucial pour le passage de Suez (
Je ne vais pas réécrire mon article de novembre dernier. Les interrogations sur la stabilité de tels navires, ou leur temps de stationnement au port, sont d'autant plus plausibles a priori. Il y a bien un moment où les prophètes de mauvais augures (souvent des chercheurs de l'université publique) finiront par avoir raison (gardons en mémoire, toutefois, que les cassandres annoncent l'explosion de la grenouille depuis au moins le seuil de 8000 EVP).
Cependant, le problème vient peut-être aussi d'un raisonnement économique qui atteint ses limites. En période de crise, avec la hausse des coûts du transport maritime induite par la hausse du pétrole, réduire les coûts en massifiant les flux sur la grande route Europe Asie Amérique parait logique. Réduire toujours plus le nombre d'escales au profit de quelques super ports aussi. Mais on voit bien que ce schéma conduit à un système toujours plus vulnérable, entre des super ports européens soumis à une forte pression environnementales et des lieux de production en Asie qui pourraient avoir tendance à se déconcentrer, vu la logique hausse du coût du travail dans l'est de
Mais comment espérer revenir en arrière, si on a mis en place un système de rotation de navires de
Ce questionnement est aussi celui de Janet Porter, dans le blog du lloyd : "But what if the cost of transporting merchandise over these vast distances ceases to make sense as consumer spending slows and Asia loses its cost competitiveness? Could manufacturing be shifted back closer to the marketplace, rendering many of these leviathans redundant?"
Bref, sans connaître vraiment en détail le monde du transport maritime, je ne parierai pas trop sur ces
P.S.: l'histoire triste du Knock Nevis, navire géant né au mauvais moment