La guerre des trois aura bien lieu

      Le système ferroviaire européen est en ébullition ces derniers temps. Rachat, alliance se succèdent, sans que pour l'instant les autorités européennes de la concurrence semblent prêtes à siffler la mi-temps. Dernière action en date, l'annonce du rachat de la compagnie Rail4Chem par Véolia. L'entreprise allemande, auparavant détenue en partie par BASF, un grand de l'industrie chimique allemande (et donc Rail4Chem est forte sur la chimie, mais aussi le transport international et les conteneurs), est une prise de poids. Cette acquisition va permettre à Veolia d'augmenter son chiffre d'affaire sur l'Europe de 60%, pour atteindre (théoriquement) 200 millions d'€ en 2007. Surtout, avec cette acquisition, Veolia, qui était présent en France, au Benelux et en Allemagne, conforte sa position en Allemagne (où la libéralisation du marché du fret est plus ancienne qu'en France), et se repositionne vers l'est, comme on le voit grâce à la carte des lignes de Rail4Chem, qui est présent en Suisse, en République Tchèque, en Autriche, en Hongrie, en Pologne…

 

Mais Veolia n'est bien sûr pas le seul à convoiter le marché européen. La Deutsche Bahn a même plusieurs longueurs d'avance. Forte de ses positions dans toute l'Europe (la DB, et les sociétés qu'elle contrôle, c'est à elle seule plus de 30% du fret ferroviaire de l'Europe des 27), la compagnie allemande est d'ors et déjà l'opérateur continental dominant (voire mondial, voir article précèdent). En France, la DB est présente par Eurocargorail (filiale de l'anglais EWS rachetée l'été dernier par la DB, ce qui a sonné comme une déclaration de guerre à la SNCF), un opérateur discret, qui n'en est pas moins le premier opérateur privé en France (qui, selon un acteur du ferroviaire, et le rapport d'activité de la DB, vise 5 % de part de marché d'ici 2009).

      La SNCF, elle, aurait plutôt quelques longueurs de retards, même si la réforme interne semble en bonne voie (voir article précèdent). Poussée par l'aiguillon de la concurrence, Fret SNCF va sans doute améliorer ses prestations et ses coûts. Mais au niveau de l'expansion européenne, Fret SNCF ne dessert pour l'instant que les ports belges. Fret SNCF annonce toutefois vouloir tracter des trains en Allemagne à partir de l'été prochain, et ainsi s'implanter sur le plus gros marché européen. Apparemment, on reste plus pour l'instant dans une logique de flux transfrontalier de trains entiers (qui auparavant étaient « échangé » par la SNCF et la DB à la frontière, ce qui posait de multiples retards), que d'une implantation de filiale allemande. Selon webtrains (pas de communiqué sur le site de Fret SNCF ?), la compagnie française va d'ailleurs continuer à collaborer avec les envahisseurs germaniques pour le wagon isolé.

VFLI (autre « filiale » fret de la SNCF) a elle réussi un joli coup en s'intégrant à l'alliance European Bulls, le 30 janvier dernier. Patatras, c'est une alliance dominée par … Rail4Chem ! Et Veolia a sûrement plutôt en tête de développer son réseau, pas de faire des alliances entre petits (surtout s'ils appartiennent à un gros  concurrent)… En même temps, à la lecture du site Internet, on peut douter que cette alliance fonctionne (quoique qu'il faut se méfier en la matière, certaines organisations aiment rester très discrètes, le site d'EuroCargorail, plus que minimaliste, en est un bon exemple).

 

Bref, l'Europe semble se préparer à une trilogie de grands acteurs du ferroviaire, qui cohabitera avec une multitude d'acteurs nationaux ou locaux. Seulement 3 ? Pas sûr du tout, mais d'une part je manque d'information (et bien malin qui peut prédire ce genre de chose), d'autre part, c'est tellement dur de faire des références "littéraires" sur un blog consacré au fret…



21/02/2008
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