Le bilan 2007 du transport fluvial
Le ministère de l'aménagement durable (enfin l'équipement quoi, de toute façon, la dénomination du ministère n'a jamais été très durable) vient de mettre à jour certaines de ses fiches sur son site Internet (voir les fiches ici). L'occasion de faire un petit point sur le trafic fluvial.
La fiche « Ports maritimes et fluviaux, flotte de commerce, voies navigables », fait le point sur les résultats (en général provisoires) de 2007 du transport maritime et fluvial. J'ai déjà abordé le premier point (mais la fiche du MEDAD apporte beaucoup plus de précisions, j'ai appris notamment que le tonnage de Calais était très important, plus de 40 millions de tonnes ! , grâce au trafic transmanche) lors de l'annonce de la réforme portuaire, je vais donc m'intéresser au second point, le transport fluvial. Voir à ce sujet les pages 32 à 36 de la fiche.
Le bilan est plutôt mitigé : que l'on compte en tonnes transportées (juste en dessous de 61 millions de tonnes, à comparer avec environ 100 millions pour le transport ferroviaire), ou en tonnes kilomètres (7.5 milliard de tonnes kilomètres, cinq fois moins que le ferroviaire), la voie d'eau a reculé en 2007. De tous les grands réseaux, seul le Rhin affiche une progression entre 2006 et 2007. Le transport fluvial est attiré par les ports maritimes, avec un peu plus de 10% du trafic, qui est à origine ou à destination des 4 plus grands ports français (Dunkerque, Le Havre, Rouen et Marseille, Nantes n'étant pas concerné ou presque par le fluvial). Au niveau des ports fluviaux c'est Paris (le port est éclaté sur plusieurs sites) qui domine largement, avec 21 millions de tonnes traitées. On notera que souvent les flux sont assez déséquilibrés : ainsi Paris décharge 50 % de marchandise en plus qu'il ne charge.
Mais cette tendance baissière cache des évolutions différenciées selon le type de marchandise. Si le trafic des vracs a plutôt tendance à diminuer (à l'exception notamment des engrais), les conteneurs continuent d'augmenter. Le Rhin fait encore une fois bande à part, avec une baisse de 6 % du trafic (mais le volume, 139000 EVP hors transit, reste très important, vu la faible longueur du Rhin en France). La progression est sensible sur le Rhône, +10%, et extrêmement forte sur la Seine, plus 30%. C'est plutôt bon signe pour le canal Seine-Nord, qui devrait être mis en service d'ici 10 ans ? En tout cas, avec 185 000 EVP, par an, le basin Seine-Oise devient le premier axe de transport fluvial français de conteneurs. On peut penser que l'activisme des compagnies maritimes à ce sujet (voir article précédent) n'est pas pour rien dans ces bons résultats.
Deux éléments encore me semblent intéressant. D'une part les unités de transport ont tendance à être moins nombreuses mais plus grandes (pour les marchandises générales, le nombre d'unité baisse, et la capacité totale augmente), même si cette évolution est lente. D'autre part, les prix du transport fluvial sont assez volatils et, surtout, orientés à la hausse (voir l'indice des prix page 35), surtout pour les prix à l'international. En tout cela fait plus 20% depuis 2000 pour le trafic domestique, et plus 50 % pour le trafic international ! Ce doit être le prix pour affréter un navire pour le transport de vrac (pour le transport de conteneurs, ça ne varie pas comme ça et heureusement pour le chargeur).
Quelque part, c'est bon signe : si le fluvial peut augmenter ses prix à ce point (pour le trafic international ; pour le trafic domestique 20% ce doit être comparable avec la hausse des prix du routier) sans perdre ses marchés, c'est qu'il y a un besoin de fluvial en Europe...