Les bons comptes du transport font les bons amis

La version provisoire des comptes du transport 2007 (via Patrice Salini) est une véritable mine d'information, extrêmement intéressante,  qui semble aussi parfois essayer de déminer le terrain. Un petit résumé très très incomplet de la partie marchandise.


 

80 pages de chiffres, avec néanmoins certains des plus intéressants qui manquent : ainsi les trafics des nouveaux entrants ferroviaires en 2007 (dont le total est cependant estimé par le ministère du développement durable à 2 milliards de tonnes-km, soit 4,7% de part de marché, ce qui est plus que prévu, mais inférieur au chiffre de 8% avancé dans les médias ces derniers temps), ou encore la part des transporteurs routiers étrangers en France.

Globalement c'est le transport routier qui tire son épingle du jeu en 2007, avec une nette reprise de l'activité (+3.7% pour le pavillon français) et de l'emploi. Le ferroviaire progresse de 4%, entièrement grâce aux nouveaux entrants, et le fluvial régresse (-5%).

En ce qui concerne, le transport routier, on note une nette croissance de la création d'entreprise, et un coefficient offre d'emploi/demandeur d'emplois, qui est supérieur à 1 dans de nombreuses régions, signe d'une certaine tension sur le marché du travail (à noter que seulement 43% des offres d'emplois sont des CDI, étrange pour un secteur qui dit avoir besoin de fidéliser ses travailleurs-voir article précedent)

C'est une version provisoire, et on voit que les rédacteurs ont parfois tenté de lisser les questions qui fâchent. Ainsi, la situation du marché agricole explique à la fois la hausse du transport routier de produits agricoles et la baisse du fluvial et du ferroviaire dans ces mêmes domaines. Explication : "Ce phénomène peut s'expliquer par un repositionnement des exportations de céréales françaises vers l'Europe au détriment des exportations de grain vers des pays tiers via les ports européens, mieux connectés aux réseaux fluvial et ferroviaire." Dit comme ça c'est difficilement contestable, mais il manque des chiffres pour l'étayer.

Autre exemple, pour le transport routier, la baisse du pavillon français à l'international, sujet récurrent de récrimination :" Cela peut être dû à des pertes de parts de marché vis-à-vis des pavillons étrangers mais également au ralentissement des échanges internationaux de marchandises, notamment via les principaux ports européens alimentant en partie la France en produits importés." Argument cette fois ci difficilement défendable, vu la croissance d'Anvers et Rotterdam (principaux ports étrangers desservant la France) l'année passé (voir article précédent)...

Vu le contexte économique et social explosif, on ne peut cependant pas trop reprocher aux auteurs d'essayer d'éviter de mettre de l'huile sur le feu... Par contre, le différentiel d'évolution entre le transport routier et les modes alternatifs (par exemple pour les matériaux de construction, +5% pour le routier, et -6% pour le ferroviaire et le fluvial) semble toutefois assez inquiétant, vu que ce sont ces produits pondéreux à faible valeur qui constituent l'essentiel des tonnes-kilomètre des modes alternatifs.  Faudrait-il s'en inquiéter ?






10/06/2008
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